Origine du Camellia Sinensis
L’arbre ou arbuste à thé, Camellia Sinensis, est à l’origine de tous les types de thés et les thés verts peuvent provenir des deux variétés Sinensis et Assamica. Le terme Sinensis indique l’origine géographique de la plante, en l’occurrence la Chine. De même, la variété Assamica prend son nom de la région d’Assam au Nord de l’Inde. Les thés de qualité supérieure viennent avant tout de la variété Sinensis. Il n’est pas encore fermement établi laquelle des deux variétés était réellement la variété de base de cette espèce, mais il semblerait que l’espèce d’origine soit le Camellia Sinensis provenant de la province de Yunnan en Chine.
Histoire du thé en Chine
“Le thé était un médicament avant de devenir une boisson” (1, p. 9)
“La première tasse me mouille les lèvres et la gorge. La seconde chasse ma solitude, la troisième pénètre mon intérieur stérile pour y trouver plus cinq mille rouleaux inscrits d’idéogrammes. La quatrième tasse fait surgir une légère transpiration – tous les maux de la vie s’évacuent par mes pores. À la cinquième tasse je suis purgé. La sixième me porte dans le territoire de l’immortalité. La septième tasse, ah, mais je ne peux plus boire. Je sens un souffle de vent frais, qui commence dans mes manches. Où se trouve L’Horaisan (paradis chinois) ? Laissez-moi voguer par ce souffle délicieux et planer vers cet endroit (Lo-Tung, compte de la dynastie Tang, 1, p. 29f.)”.
Fondamentalement, on peut diviser l’histoire en trois catégories ou philosophies du thé :
- Cuisson des briques de thé sous la dynastie Tang,
- Moulage en poudre sous la dynastie Song,
- Infusion des feuilles de thé sous la dynastie Ming.
Les deux dernières méthodes sont encore d’actualité.
Découverte du thé par l’empereur Shennong
L’histoire du thé vert commence il y a environ 5000 ans en Chine. La légende raconte que c’est l’empereur Shennong (2.737 av. JC. aussi écrit Shen Nong) qui aurait découvert le thé en premier. A l’origine, il s’agissait d’arbres sauvages principalement dans la région montagneuses du sud de la Chine qui servaient à produire le thé. La découverte de son effet tonique et rafraichissant, mais aussi de ses puissantes propriétés médicinales ont participé au développement de son utilisation principalement par les moines bouddhistes, mais aussi par la classe supérieure chinoise. Le développement et la diffusion de thé ont été étroitement associés aux problématiques de rendement productif et de conservation.
L’empereur Shennong
Cuisson du thé sous la dynastie Tang (Briques de thé)
Aux IVème et Vème siècles de notre ère, le thé était transformé d’une manière totalement différente d’aujourd’hui. Les feuilles étaient trempées après la récolte, réduites dans un hachoir, puis pressées en briques de thé compactes (aussi appelé gâteau de thé). Le thé était ensuite mélangé et cuit avec de nombreux autres ingrédients : riz, gingembre, sel, zestes d’orange, oignons, etc. (1, p. 26). Pendant la dynastie Tang (618-907 après JC), c’était ainsi que l’on avait pour habitude d’utiliser le thé. Mais il existait aussi des pochettes de thé concassé que l’on utilisait contre les rhumatismes. C’est durant cette période que le thé connut sa première expansion majeure.
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Dynastie Song: Le thé en poudre
Une grosse impulsion à la culture du thé se produisit sous la dynastie Song (960-1279 AD). C’est à cette période que la première poudre de thé vert fut utilisée pour la cérémonie du thé et que ce produit commença à devenir un produit de consommation quotidienne dans cette région du monde (Chine et Japon). Ce fut alors la création d’une deuxième école de préparation du thé: le thé frappé. Cette forme de préparation remplace la tradition très raffinée de cuisson des gâteaux de thé qui jusqu’alors mélangeait le thé à d’autres ingrédients.
- Poudre de thé vert chinois: Macha
Infusion du thé : Dynastie Ming
Au XIIIème siècle, les acquis en matière de thé furent détruits et presque totalement perdus du fait de la conquête et la domination des mongoles. Ces derniers étaient habitués à boire du thé totalement fermenté et n’avaient que très peu de curiosité pour la culture du thé sous dynastie Song. De ce point de vue, l’héritage Mongol fut durable. La poudre de thé vert ne réapparut que des siècles plus tard et ne joue malheureusement en Chine, contrairement au Japon, qu’un rôle mineur dans la culture du thé.
La préparation actuelle et la méthode de séchage et d’interruption de la fermentation sont développées plus tard sous la dynastie Ming (1368-1644). La culture du thé vert est encore très étroitement liée à l’histoire de la Chine. C’est d’abord au XVIe siècle avec le développement de la cérémonie du thé, puis plus encore à partir du XVIIIe siècle, sous l’impulsion du Japon avec le développement de la mécanisation notamment dans le domaine agricole que la culture du thé vert prend l’ampleur et le raffinement que nous lui connaissons aujourd’hui.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter l’article Histoire du thé vert en Chine.
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Histoire du thé au Japon
Thé vert et bouddhisme-Zen au Japon
Le thé vert arriva au Japon au VIIIème siècle, via des moines bouddhistes chinois. Ces moines auraient organisé des voyages dans ce but. Par ailleurs, il semblerait que des moines bouddhistes japonais seraient partis étudier «l’art du thé» en Chine. A leur retour, ces moines auraient participé à rendre l’implantation de cette culture possible dans l’archipel. Le bouddhisme et les propriétés particulières du thé vert ont donc joué et jouent encore à ce jour, un rôle important dans le développement de cette culture au sens large du terme. A l’origine, le thé vert était apprécié par les moines pour ses propriétés médicinales, ainsi que pour ses effets tonifiant et stimulant pour la concentration pendant de longues méditations. C’est ainsi que la philosophie du Bouddhisme Zen a été influencée par “le chemin du thé” et compte parmi ses adeptes des maîtres du thé qui ont profondément influencé la culture du thé. Au Japon, cette boisson possède une valeur symbolique qui va bien au delà de l’expérience purement gustative.
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Cérémonie du thé et Sen no-Rikyu
Au Japon, la consommation de thé vert fut réservée aux cercles sociaux les plus élevés et uniquement tournée autour de son application médicinale. Il fallut attendre le XVIe siècle pour que cette situation évolue progressivement. En l’absence du “frein culturel” que représente l’invasion Mongole en Chine, le thé s’implante progressivement comme un pilier de la culture japonaise et une denrée de consommation courante. On doit une part importante de ce développement au maître de thé Sen No-Rikyu (1522-1591), l’un des principaux fondateurs de la cérémonie du thé. Le thé vert du “Chemin du Thé” représente bien plus qu’une boisson au goût raffiné, mais fait partie intégrante d’une philosophie de vie intégrant le Bouddhisme Zen et raffine sa culture. La préparation, le salon et le Jardin de thé traditionnels sont des symboles du perfectionnement spirituel. La culture japonaise a été fortement influencée par des siècles de développement, inspirés par les maîtres de thé et le bouddhisme. Cet ensemble a dessiné son territoire et marqué ses mentalités, probablement comme aucune autre discipline n’a pu le faire dans son histoire. Cela touche notamment l’industrie de la céramique, le travail de laquage, le lyrisme poétique et la philosophie.
Nouveau procédé et ouverture du Japon
En 1738, un certain Soen Nagatari inventa la méthode de roulage des feuilles de thé après la torréfaction à la vapeur d’eau. Cette méthode reçut un succès retentissant et est encore utilisée à ce jour dans la préparation du Sencha. En 1835, la méthode de «mise à l’ombre» à la paille de riz fut inventée par Kahei Yamamoto et contribua ainsi à la création du Gyokuro. Mais ce n’est qu’en 1859, avec l’ouverture des ports commerciaux à plus grande échelle par les samouraïs que le thé devient un met de consommation quotidienne au Japon. Un peu plus tard, il se développe et prend une ampleur internationale grâce à l’utilisation de machines industrielles.
Pour plus d’informations vous pouvez consulter l’article Histoire du thé vert au Japon.
Arrivée du thé en Europe
La première trace d’existence de thé en Europe provient des écrits d’un voyageur arabe qui en 879 retirait à Canton ses principaux revenus des taxes sur le sel et sur le thé. Par ailleurs, les notes de Marco Polo (1254 – 1324) mentionnent une éviction d’un ministre des finances chinois après son augmentation arbitraire de la taxe sur le thé (cf. 1, p. 16). C’est seulement au début du XVII siècle que les marchands hollandais facilitèrent l’approvisionnement du thé en Europe.
Le premier chargement de thé arriva en Europe en 1610 via la Compagnie hollandaise des Indes détenant le monopole du commerce européen avec l’Asie. Au cours du long périple maritime de 6 mois à travers mer, la marchandise a été fortement endommagée. Pourtant, il devient rapidement populaire dans les classes supérieures et auprès de pharmaciens (apothicaires) qui le vendent comme plante médicinale. En France, il arrive en 1636, en Russie, en 1638 et en Angleterre, en 1650 (cf. 1, p. 17). Les prix du thé restent alors largement inabordables pour les classes populaires, de sorte que le thé sera pendant longtemps l’apanage de la noblesse et des riches marchands.
Au XVIIIème siècle, le thé – malgré son prix élevé – connait en Europe un succès retentissant et les salons de thé fleurirent dans toutes les métropoles.
Jusqu’au XIXème siècle, on ne livra en Europe pratiquement que du thé vert. L’importation du thé noir fut lancée par l’Angleterre qui avait découvert le Camellia Sinensis var. Assamica au nord de leur colonie indienne (région d’Assam et Darjeeling). Ces derniers avaient bien l’intention de se tailler une part dans le fructueux commerce du thé en Europe qui à l’époque provenait quasiment et exclusivement de Chine. Le succès fut triomphal.
Histoire du thé en Inde
En 1823, le Major écossais Robert Bruce découvre la variété Assamica à l’état sauvage dans la région d’Assam, au nord de l’Inde. Jusqu’alors, on supposait que le Camellia Sinensis ne poussait qu’en Chine. Ce fut une découverte sensationnelle pour l’Angleterre qui permit à sa colonie des Indes de rentrer en concurrence avec la monopole mondiale de la Chine et de créer d’énormes revenus. Mais le thé que produit l’Assamica était très amer et difficilement buvable pour le palet des occidentaux. Il fut donc « amélioré » au goût par un processus de fermentation qui altère sa couleur. C’est ainsi que naquit le thé noir. Malheureusement, malgré la saveur délicieuse de cette boisson, le processus de fermentation fait perdre l’essentiel de ses effets bénéfiques sur la santé. Cependant, les meilleurs thés noir possèdent tout de même des propriétés médicinales très intéressantes, quoique plus spécifiques que le thé vert.
Source:
1 Le livre du thé, Okakura, Kakuzo, traduction en allemand par Horst Hammitzsch, insel taschenbuch, 1. édition. 1979.